Le 16 juillet nous nous rappelons, moi et mon équipe, de la première en Pologne opération de pose d’implant cochléaire à une personne sourde que j’ai réalisée en 1992. Cette année nous en célébrons le 30e anniversaire. Nous n’avons pas perdu notre temps ces 30 dernières années. Nous avons fait ce qui était possible, ce qui nous était donné. C’était 30 ans d’activité intense, de travail, de passion, de capacité et de compétence. Nous avons capturé une grande partie de ces événements afin de montrer que nous ne sommes pas restés immobiles, que nous avons répondu à de nombreuses attentes. En quelques semaines après l’opération déjà peine nous avons eu un projet préliminaire de la création d’un équipe interdisciplinaire avec les psychologues, orthophonistes, pédagogues, ingénieurs cliniciens, techniciens. Nous apprenions à avoir une vision holistique d’autrui. Nous avons collaboré, nous avons travaillé sur nous-mêmes, nous avons avancé pas à pas. Notre succès est collectif et s’il y a un leader c’est seulement pour qu’il garde une responsabilité plus importante pour ce qui s’est passé avant et pour ce qui se passe au présent, a dit le prof. Henryk Skarżyński et accueillant les patients qui sont arrivés à Kajetany pour rencontrer l’équipe de l’Institut.
La rencontre des spécialistes avec les patients
Pourquoi ces rencontres-ci sont aussi importantes? Parce que nous sommes une famille. Parce qu’elles font tomber les barrières, elles nous rendent tous plus forts. Enfin, parce que les patients bénéficiant d’implants auditifs qui ont besoin de nos soins et de notre attention tout au long de leur vie, peuvent se sentir chez eux à l’Institut, a souligné le prof. H. Skarżyński. Docteur n. med. Elżbieta Włodarczyk a également souligné l’importance de ces rencontres « Nous apprécions beaucoup ces rencontres avec les patients. C’est touchant d’observer leur développement, de nouvelles opportunités qu’ils peuvent saisir. Au cours de la conférence Dr Włodarczyk a présenté la procédure actuelle de qualification à l’implantation qui implique les spécialistes de plusieurs domaines : les médecins, les orthophonistes, les psychologues, les pédagogues, les ingénieurs cliniciens, les techniciens et les prothésistes. Elle a également parle sur les nouveautés qui sont proposées aux patients pendant la rééducation. Nous avons voulu montrer, du point de vue des médecins et autres thérapeutes, ce qui a changé au cours de ces 30 années, quels nouveaux éléments techniques, chirurgicaux et autres sont apparus dans l’ensemble du processus thérapeutique.
Le maitre de conférence, professeur Artur Lorens, chef du département des implants et de la perception auditive, a ajouté que lors du symposium les spécialistes partageront avec les patients ce qu’ils font au quotidien. Et nous nous occupons aussi bien du travail clinique, nous prenons soin du patient implanté que de la recherche scientifique. Ainsi, nous pouvons offrir au patient les plus nouvelles méthodes du diagnostic et de thérapie et nous tenons à ce que nos patients reçoivent maximum de profits pour leur audition, a-t-il ajouté. En se référant à l’opération réalisée il y a 30 ans, il l’a souligné qu’elle avait ouvert une nouvelle ère dans la domaine de l’oto-rhino-laryngologie, de l’audiologie, de la phoniatrie et de la rééducation auditive.
Le sujet de la première partie de la conférence était les changements qui ont eu lieu au cours de ces 30 années du programme d’implantation auditive et des 20 années du programme de traitement de la surdité partielle. Les patients ont eu l’occasion d’écouter les interventions des spécialistes du Département des implants et de la perception auditive, du Département des acouphènes et de la Clinique de rééducation sur les progrès technologiques dans le domaine des implants cochléaires, d’autres implants dont les implants de l’oreille interne, les implants à ancrage osseux, les générations suivantes des processeurs vocaux basés sur l’intelligence artificielle, les implants binauraux, l’utilisation de boucle à induction, la rééducation postopératoire après l’implantation et la gestion des acouphènes.
Dans la deuxième partie, les intervenants ont discuté, entre autres, de la manière dont les sons peuvent être entendus par le biais d’un implant, de la chorégraphie comme langage de communication, des solutions modernes de télémédecine utilisées dans la rééducation des enfants atteints de troubles du traitement auditif central.
Les patients parlent d’eux-mêmes
Les conférences de spécialistes étaient entrecoupées de présentations de patients voulant partager leurs émotions, observations et de présenter le chemin qu’ils ont parcouru afin d’arriver à Kajetany pour une implantation. D. n. med. Małgorzata Strycharz-Dudziak a évoqué un moment très émouvant où elle a lu le poème « Le piano enchanté » écrit pour elle par le prof. Henryk Skarżyński.
« J’ai pleuré en le lisant pour la première fois. Monsieur le Professeur a toujours su, après autant d’années, de bien rendre toutes mes émotions de l’époque », racontait-elle. Małgosia a été opérée par le prof. H. Skarżyński il y a 28 ans.
« Chaque année que je viens à Kajetany, en participant aux célébrations du premier anniversaire de la réalisation de l’opération de pose d’un implant cochléaire à une personne sourde par Monsieur le Professeur, reviennent les souvenirs concernant ma perte auditive et mes opérations me ramenant au monde sonore. Le juillet 1992 est pour moi un moi significatif, car c’est à cette époque-là que j’ai perdu complètement mon audition. C’est pour moi un moment symbolique : j’ai perdu mon audition moi-même et en même temps, une opération a eu lieu en Pologne, qui a permis de restaurer l’audition du patient ».
Comme elle le rappelle elle-même, Małgosia se réjouissait d’une très bonne audition dans son enfance. Elle a toujours été liée à la musique, étudiante du conservatoire, elle jouait du piano, de la flute, chantait à la chorale. Perdre son audition était une très dure expérience pour elle, bien qu’elle soit entourée de la famille et des proches qui la soutenaient dans ces moments difficiles. J’ai été qualifiée à l’opération en 1992 et c’était pour moi un moment décisif. Le professeur Henryk Skarżyński m’a posés un implant cochléaire. Aujourd’hui encore, je me souviens de la façon dont le professeur s’occupait de ses patients, qu’il visitait quotidiennement. Il leur parlait, changeait de pansement personnellement. Je le garderai toujours dans mon cœur et dans ma mémoire, dit Małgosia. Une fois le processeur activée, une nouvelle vie a commencé pour moi. J’ai consacré mes premières vacances au jeu du piano. C’était de la musicothérapie naturelle, même si je ne m’en rendais pas compte à l’époque.
Grâce à son implant, Małgosia a passé son bac, a été acceptée à la faculté de la stomatologie à l’Académie médicale et, ensuite, aux études doctorales pour obtenir enfin un poste à l’Université médicale à Lublin. Après la seconde implantation réalisée par Monsieur le Professeur, j’ai senti que ma vie a changé, qu’une nouvelle étape a commencé. Mon univers des sons s’est considérablement élargi, surtout ce qui en est pour les sons aigus, je sais préciser la location de la source sonore et mon audition est devenu tridimensionnelle. Je sens que mon audition progresse toujours et c’est une chose extraordinaire. Dans mon travail je suis professeure, médecin et, de temps en temps, traductrice de la langue anglaise. Pour conclure, je peux ajouter que je n’imagine plus la vie sans mes implants, j’ai juste de la chance de les avoir, d’avoir rencontré des gens comme le professeur et un endroit comme Kajetany.
Le dessin et la peinture ensuite sont devenus ses grandes passions. Diplômée de la faculté de peinture de l’Académie des Beaux-Arts de Cracovie, elle est arrivée à Kajetany avec sa propre collection de peintures. Actuellement Joanna Turek approfondit ses connaissances dans la même université, à la faculté des arts graphiques. Elle se définit elle-même comme une âme artistique. Joanna se souvenait les défis qu’elle a dû relever en tant que personne sourde pour arriver à l’endroit où elle se trouve aujourd’hui. Cela lui a coûté beaucoup de travail, mais cela en valait la peine. Elle est d’avis que la chose la plus importante dans la vie est d’être soi-même et de ne pas prétendre être quelqu’un d’autre. Comme elle le souligne, ce sont ses parents qui lui ont appris une telle attitude, ensemble avec toutes les autres personnes qui ont cru en elle et l’ont soutenu.
Joanna est sourde dès sa naissance, elle souffre d’une perte auditive profonde.
« Je me rappelle ce moment, j’étais à l’école primaire, et mon papa m’a demandé si je voulais avoir un implant et je lui ai tout de suite répondu « oui ». J’avais déjà pressenti que ce moment pouvait tout changer pour moi. Avant l’opération je ne communiquait qu’à travers les gestes et dessins. Toute suite après l’implantation ma parole est devenu meilleure et j’ai découvert un mystérieux, extraordinaire monde de la musique qui m’était jusqu’alors inconnu, racontait Joanna dans son intervention. Après une année d’utilisation, je remarqué que l’implant m’a changé. Je pouvais ressentir le monde du silence et le monde du son. Tous les deux sont très importants pour moi en tant qu’artiste, car chacun cache ses émotions, et ces émotions sont bien complémentaires ».
Un moment marquant pour Joanna a été un voyage à Glasgow, en Écosse. Comme elle l’avoue, c’était pour elle une véritable leçon d’autonomie, elle a également été obligée de communiquer en anglais. Elle en est revenue renforcée, avec une plus grande confiance en ses capacités. Elle correspond avec ses amis du Japon, du Canada et de l’Inde jusqu’à ce jour. Son rêve est d’assembler un groupe d’artistes dont l’audition est bonne et ceux qui sont malentendants du monde entier et d’organiser une exposition d’œuvres et d’y inviter les amateurs de l’art du Centre mondial de l’audition. Ce serait une sorte de remerciement pour leur talent, leur passion bien présents dans leur travail, et pour leur cœur pour les patients. Joanna a adressé les remerciements spéciaux au prof. Henryk Skarżyński pour lui avoir aidé à découvrir l’univers sonore.
L’univers sonore l’univers de la musique est particulièrement proche à Estera Łabida, une autre patiente qui, grâce au prof. Henryk Skarżyński et l’implant qu’il lui avait posé, a été capable d’obtenir un diplôme d’une école de musique.
« J’ai rencontré Monsieur le Professeur et son équipe de médecins et de kinésithérapeutes il y a 20 ans. Ils m’ont aidé avec une grande attention et soin non seulement de restaurer mon audition, mais aussi de découvrir moi-même et la réalité autour de moi », a dit Estera.
Estera était sourde dès sa naissance, mais elle n’a été emmenée dans l’Institut de physiologie et de pathologie de l’audition qu’à l’âge de 5 ans. Personne n’avait été en mesure l’aider avant, bien que ses parents aient voyagé partout en Pologne en consultants plusieurs spécialistes. Elle a obtenu son implant cochléaire désiré à l’âge de 8 ans et il s’est avéré inestimable pour elle. Après un processus de réhabilitation long et intensif dans lequel de nombreuses personnes ont été impliquées, le développement de son audition s’est fait, comme elle l’a dit, de manière « exponentielle »[. Grâce à l’école de musique et aux cours qui y étaient dispensés, son audition s’améliorait de plus en plus. Avec ses frères et sœurs et ses parents, Esther s’est produite à de nombreuses reprises lors de diverses célébrations. Esther a également mentionné le rôle que l’Institut a joué dans son développement musical, lui permettant de participer à divers ateliers, festivals et concerts de musique. Estera a également participé à un appel à casting (avec succès) pour la comédie musicale « Le Silence rompu » mise en scène dans le bassin artistique de l’opéra de chambre de Varsovie, dont le livret a été écrit par le Prof. Henryk Skarżyński.
« En me produisant sur scène, j’ai appris à gérer le trac, à collaborer avec d’autres musiciens. J’y ai rencontré beaucoup de gens, j’ai parlé avec eux, cela m’a mobilisé pour travailler. S’il y a eu des échecs, ils n’ont fait que renforcer mon caractère », c’est ainsi qu’elle se rappelle cette époque et ajoute : « Grâce au professeur, j’ai également pu participer à la première édition du festival « Rythmes cochléaires », auquel je pense avec émotion et que je n’oublierai jamais ». Elle y a ensuite fait de nombreuses apparitions.
Comme elle le souligne, c’est grâce à l’implant qu’elle a terminé ses études d’architecture paysagère à l’université catholique de Lublin. Estera aime le sport et la photographie, et les voyages sont rendus possibles grâce à ses compétences en anglais.
À son tour, Weronika Niczyporuk, patiente de l’Institut de physiologie et de pathologie auditive depuis 2002, a évoqué les nombreuses difficultés qu’elle a dû surmonter, les situations désagréables liées à sa déficience auditive qui l’ont exclue de la vie normale, et sa lutte pour ne pas être marginalisée en raison de son « imperfection ». Son discours a touché de nombreuses personnes, mais les a également amenées à penser que beaucoup de choses dépendent de notre attitude et de notre état d’esprit.
Weronika est née avec une microcéphalie bilatérale et une arthrodèse du conduit auditif. Elle utilise un implant auditif à conduction osseuse depuis 20 ans. Elle étudie la psychologie à l’université de Varsovie et s’est produite sur de nombreuses grandes scènes nationales et internationales. Grâce à une rééducation longue et intensive, peu de gens savent qu’il a des problèmes d’audition. Mais avant que cela n’arrive, avant qu’elle n’arrive à Kajetany, Weronika a reçu un diagnostic selon lequel elle ne pourrait jamais entendre et parler. Grâce à la détermination de ses parents, elle a été prise en charge par le Prof. Henryk Skarżyński.
« Le professeur a présenté ma situation sous un jour complètement différent et nous a donné quelque chose qu’aucun autre médecin ne nous avait donné – il nous a donné de l’espoir. I m’a montré comment je pouvais profiter de la vie comme chaque autre personne », a dit Weronika avec l’émotion. « Ainsi je suis devenue le premier enfant en Pologne à profiter d’un implant à ancrage osseux fixé sur un bandeau élastique ».
Les histoires sur son enfance racontées par ses parents ont amené Weronika à la conclusion suivante : rien n’est impossible, toutes limites qui apparaissent n’existent que dans nos têtes. « Malgré ma déficience auditive je n’avais pas de certificat d’éducation spéciale », a-t-elle souligné. « J’ai toujours aimé fréquenter l’école, apprendre et interagir avec mes camarades. J’ai toujours travaillé tout comme les autres, sans jamais être traité favorisée ».
La période la plus difficile pour Weronika était le collège. Elle se sentait incomprise par ses camarades, leur univers et sensibilité étaient complètement différents que les siens. Un autre coup était l’examen de baccalauréat : elle était empêchée d’entrer à cause de son implant. Il a été comparé à un téléphone portable pouvant être un outil permettant de tricher pendant l’examen.
« C’était très blessant pour moi de ne pas pouvoir me présenter au bac sur les mêmes conditions que j’ai suivi pendant toute mon éducation. J’étais obligée d’obtenir un certificat d’invalidité », a dit tristement Weronika.
Malgré tout, elle n’a pas abandonné, elle a prouvé qu’elle pouvait se battre et les résultats de son examen de baccalauréat étaient parmi les meilleurs dans toute l’école.
Weronika a posé sa candidature à quatre programmes universitaires à l’Université de Varsovie et elle a été accepté partout. Finalement, elle a choisi la psychologie. Elle a souligné que la musique était et sera toujours un élément très important dans son développement. À l’age de 6 ans, elle a joint un ensemble folklorique Małe Podlasie (Le petit Podlachie), mais ce n’était que le Festival « Les Rythmes cochléaires » initié par le prof. Henryk Skarżyński, qui lui a permis de découvrir le monde de la musique professionnel.
« C’était le début de mon parcours artistique. Grâce au Festival j’ai fait connaissance de plusieurs personnages imminents qui m’ont beaucoup influencée. La découverte et la confirmation de mon talent musical m’a très édifiée et c’était une chose vraiment extraordinaire pour moi ».
Lauréate du Festival en 2016, Weronika a été souvent invitée aux concerts et festivals, dont entre autres la 52e édition du Festival Jan Kiepura à Krynica-Zdrój. C’était le prof. Ryszard Karczykowski qui l’a convaincu de suivre son éducation vocale. Elle a également souligné qu’elle trouvait toujours un grand soutien en prof. Henryk Skarżyński, qui suivait tous ses succès musicaux.
« En 2019 j’ai réalisé mon rêve de musical, car, après avoir pris part à un audition, je me suis faite acceptée parmi le casting du « Silence rompu ». Pendant les répétitions pour le spectacle, je me suis prouvé une fois de plus que je suis capable de franchir les limites », a dit Weronika. « Grâce au théâtre j’ai découvert une seconde Weronika, celle pour qui les limites n’existent pas ».
En concluant son intervention, Weronika a évoqué la définition de l’ange, en soulignant qu’il s’agit d’une personne qui réalise de plusieurs manières les idées divines et que chacun d’entre nous peut être un tel ange. Son ange personnel est le prof Henryk Skarżyński.
Pour Sebastian Turek, le prof. Henryk Skarżyński est aussi une personne exceptionnelle. Ici, à Kajetany, Sebastian a obtenu deux implants, pour la première fois à l’âge de 11 ans et pour la seconde, l’année dernière. Aujourd’hui il entend tous les sons et sa communication en groupe a beaucoup amélioré. Grâce à cette prothèse auditive il a été capable non seulement de développer son audition et sa parole, mais aussi d’obtenir un diplôme de l’Université de médecine et de devenir radiologue :
« Actuellement je travaille à un hôpital à Gliwice. Je voudrais être un exemple vivant prouvant que rien n’est impossible, que les limites peuvent être dépassées, que nous pouvons réaliser nos buts et nos rêves. Je me réjouis de pouvoir aider les autres grâce à mon travail, tout comme Monsieur le Professeur et l’équipe du Centre mondial de l’audition m’ont aidé auparavant ». Sebastian Turek souligne l’importance du soutien de la famille sans lequel il est très difficile de devenir un homme meilleur et de commencer une vie autonome.
Cette question du rôle crucial de la famille et de son soutien lors de la maladie et non seulement, a été aussi abordée par le plus âgé des patients du professeur Henryk Skarżyński qui ont pris la parole, Jan Turbiński, chanteur et artiste de la musique folklorique :
« Après l’accident, au cours des années j’ai progressivement perdu mon audition. En 2011 j’ai dû arrêter de jouer et de chanter, parce que je n’entendais presque plus rien pas et mes appareils auditifs ne suffisaient plus. Ma famille était très inquiète pour moi et ils voulaient m’aider. Ma fille a fait de la recherche et elle a appris qu’il y avait un lieu, Kajetany, où les implants cochléaires sont posés à des patients afin de leur restaurer leur audition », racontait Monsieur Turbański. Aussi, après avoir été qualifié à l’implantation, s’est-il trouvé à Kajetany. En 2013, une fois son audition restaurée grâce au prof. Henryk Skarżyński, Jan s’est promis qu’un jour il va jouer de la cornemuse de la Grande-Pologne pour le Professeur. Il a fait comme il l’a promis : il s’est présenté à la 1ere édition des « Rythmes cochléaires » et il en est devenu lauréat. Cela lui a donné encore plus d’envie de faire de la musique. Il se présentait maintes fois pendant de différents célébrations organisées par le Centre mondial de l’audition. Avec son ami violoniste il prend part à plusieurs concours pour les ensembles folkloriques. Actuellement je joue avec ma petite-fille Stella et l’autre, Zuzanna, fait des parties vocales typiques pour notre région.
« Ce ne serait pas possible si je n’aurais pas obtenu mon implant cochléaire et processeur vocal, soulignait Jan. Ma vie a changé, est revenue à la normale ».
Olaf Kaca, un autre patient du prof. Henryk Skarżyński doué pour la musique Est étudiant de la première année à l’Université médical à Łódź. Il est utilisateur d’un implant cochléaire dès 2004. Ancien lauréat des « Rythmes cochléaires », il a participé également à plusieurs cérémonies organisées par l’Institut de physiologie et de pathologie de l’audition. Monsieur le Professeur m’a beaucoup aidé en m’ayant doté d’un implant, car il a restauré mon audition. Maintenant c’est mon tour à moi d’aider les autres, surtout les enfants ayant des troubles auditifs, a commencé son discours Olaf.
En se référant de son expérience de 18 ans d’utilisation d’un implant, il encourageait les patients à ne pas penser d’eux-mêmes comme des personnes avec des capacités limitées, malgré les problèmes de communication qui peuvent apparaitre parfois. Avoir une forte structure mentale est la base et cela commence dans notre tête. Selon Olaf il est essentiel d’agir avec optimisme voire passion. Il faut avoir confiance en scientifiques, il faut participer à tous les événements favorisant les contacts humains car c’est ainsi qu’on peut développer ses capacités vocales. Olaf a également donné quelques conseils concernant la gestion du processeur, il a parlé de ce qu’il faut retenir, comment le sécuriser. C’était très utile surtout parce que les conseils étaient donnés par un patient qui le suive lui-même.
Dr Michał Osiński est un neurologue en train de préparer la seconde spécialisation en oto-rhino-laryngologie et étudiant en domaine de la gestion de la santé. Comme il a dit dans l’introduction de son discours, tout comme d’autres patients, il était aussi étudiant d’une école de musique et il jouait de la flûte. Sa déficience auditive s’est développée progressivement, et c’est au collège que sont apparus les premiers symptômes visibles d’un problème d’audition. « En fait, ce n’est qu’au cours de mes études que j’ai appris l’existence des implants, qu’ils existent et qu’ils donnent de bons résultats, mais je n’étais pas tout à fait sûr de devoir subir une intervention chirurgicale pour les faire poser », a déclaré le Dr Michał Osiński. « Après tout, je me débrouillais assez bien dans la vie, je communiquais avec ma famille et mes amis, alors je pensais que j’allais toujours me débrouiller et que rien ne changerait. Cependant, quand j’ai décidé de devenir neurochirurgien, je savais que la bonne communication est cruciale dans la salle d’opération. C’est à ce moment-là que j’ai décidée d’obtenir un implant. J’ai fait mon paix avec le fait que cet implant sera partiellement visible. Aujourd’hui je suis très content d’avoir pris cette décision, je suis convaincu qu’elle était bonne. L’implantation a été réalisée à Kajetany. Cet appareil a définitivement rendu ma vie plus simple. Mes patients souffrant de troubles auditifs viennent me voir dans mon cabinet et me demandent si cela en valait la peine. Ma réponse est toujours la même : oui. C’est aussi pour eux que je me suis décidé de réaliser mon implantation, pour pouvoir mieux réaliser mon travail. Certes, l’implant a ses inconvénients, mais il n’est même pas utile de les mentionner, car les avantages en sont beaucoup plus importants. Et il ne faut pas beaucoup réfléchir, pour un patient avec déficience auditive implant est de nos jours la meilleure solution ».
Roksana Pijet utilise deux implants cochléaires. Elle a subi les deux opérations très petite. Comme elle l’a avoué, elle ne se rappelle même pas de la période où elle n’entendait pas.
« Je sais cependant que sans l’initiative du prof. Henryk Skarżyński, sans son programme de traitement de la surdité, rien rien n’aurait été pareil pour moi », a-t-elle souligné. « Je dois tout à mes implants cochléaires. Sans eux, je ne serais pas allée à l’école public, je n’aurais pas appris à parler couramment le polonais et l’anglais. Je n’oserais pas vouloir plus, aller plus loin, suivre mes rêves, être aussi ambitieuse que je le suis et prendre des risques. Je n’aurais pas rencontré plusieurs personnes, je n’aurais pas vécu beaucoup d’expériences et je n’aurais pas non plus trouvé mon chemin dans la société ». Roksana a ajouté que grâce à ses implants elle fonctionne normalement, comme toute personne avec bonne audition. Elle continue son éducation dans l’un des meilleurs lycées en Pologne, dans une classe de profil mathématique-physique-informatique, elle habite dans un pensionnat, elle apprend à être autonome et se sent bien là-bas, elle a beaucoup d’amis. Dans le futur elle voudrait faire ses études à l’université technique et continuer son éducation à l’étranger. Elle aime bien se relaxer au son de la musique qui est pour elle une sorte de divertissement, cela lui fait plaisir. Je suis en mesure d’écouter mes morceaux préférés grâce à mes implants. C’est grâce à eux aussi que je peux réaliser mes rêves : je peux le faire car je ne vois pas de limites, c’est moi-même qui décide de mon sort, a conclu Roksana.
Une autre personne qui réalise ses rêves est sans doute Anna Czupryn. Elle se présente en ces mots : « Je suis musicienne, violoniste professionnelle et accomplie, diplômée d’Académie de musique à Katowice, dans la classe de violon ».
La vie d’Ania a été toujours remplie de la musique folklorique et c’est ainsi qu’elle s’y est liée. Ensemble avec son mari ils font partie de l’ensemble fondé par lui, appelée Tekla Klebetnica, jouant la musique folklorique polonaise, slovaque, hongroise et tzigane, avec l’influence de musique classique et du jazz. Depuis 2006 elle en est la violoniste et la chanteuse principale. Elle a connu un grand succès avec le groupe, qui a sorti plusieurs albums et effectué des tournées dans 20 pays sur quatre continents.
En 2017, comme l’a souligné Ania, une révolution s’est produite.
« Je l’appelle un petit miracle : j’ai reçu mon implant auditif. Je suis née avec un défaut de l’oreille gauche, j’avais la microtie-atrésie. Bien que je joue du violon depuis 27 ans, ce n’est qu’il y a 5 ans que j’ai finalement pu entendre la musique en stéréo, en plusieurs dimensions, se rappelle-t-elle. Grâce à l’implant à ancrage osseux posé par le prof. Henryk Skarżyński, j’ai entendu pour la première fois les sons à gauche. A partir ce moment-la je peux revivre la musique de nouveau ».
Ania a remarqué le changement du confort dans sa vie quotidienne, elle le ressent chaque jour en faisant des choses ordinaires, par exemple pendant une simple conversation avec l’autre. Je peux dire en toute responsabilité qu’il en valait la peine d’avoir pris cette décision et de s’ouvrir à de nouvelles possibilités que donne un implant auditif. Maintenant je suis en mesure de localiser les sons qui viennent vers moi de toutes directions, j’ai retrouvé le caractère dimensionnel et dynamique du son, ce qui m’était impossible avant, quand je n’entendais que d’une seule oreille. J’ai commencé à mieux me débrouiller lorsque nous nous produisions dans des conditions acoustiques plus difficiles, par exemple dans de grandes salles avec de l’écho, de la réverbération. Quand nous jouons, j’entends chaque instrument et je peux le localiser sans tourner la tête. Je me sens beaucoup plus confiante sur scène.
Peu de temps après son implantation Ania est devenu lauréate du Festival « Les Rythmes cochléaires ». Après, elle s’est produite à maintes reprises lors des événements importants pour l’Institut de physiologie et de pathologie de l’audition. En 2018 elle a également joué pendant une session du Parlement européen à Bruxelles, elle s’est aussi produite ensemble avec le violoniste virtuose Vadim Brodsky.
À la fin de son intervention Ania a souligné que l’éducation musicale accélère le développement acoustique et la conscience du son accélère la réhabilitation postopératoire et c’est pourquoi la formation musicale devrait faire partie d’éducation de chaque personne, surtout de la personne ayant des troubles auditifs. Elle a ajouté que pour elle l’implant est un miracle de technologie et elle a remercié le prof. Henryk Skarżyński et tout l’équipe du Centre mondial de l’audition pour lui en avoir offert un à elle-même.
Tous les patients qui ont pris la parole ont été unis par une personne et par un endroit particulier : à savoir, le professeur Henryk Skarżyński et Kajetany. Comme ils l’ont promis, il vont y revenir, car c’est là qu’ils ont gagné la nouvelle vie.
Attractions associées
La conférence scientifique a été accompagnée de nombreuses attractions comme par exemple l’exposition de tableaux « Entre les mondes » organisée par l’une des patientes de l’IPPA, Joanna Turek, utilisatrice d’implant diplômée d’Académie des Beaux-Arts à Cracovie. Les plus jeunes participants pouvaient jouer avec les animateurs en se faisant peindre les tatouages en couleur, en faisant des bulles de savon, et les plus âgés pouvaient visiter une Capsule de recherche sensorielle, un appareil multifonctionnel unique de diagnostic des plus importants sens. Elle permet de faire des examens de dépistage des troubles de l’audition, de la vue, de la parole, du goût, de l’odorat et de l’équilibre Elle est née d’initiative du prof. Henryk Skarżyński avec le soutien des meilleurs spécialistes de plusieurs domaines : oto-rhino-laryngologie, audiologie, ophtalmologie, ingénierie biomédicale, ingénierie des matériaux et télémédecine. Une solution unique est le système central de la Capsule, qui permet de collaborer avec le Portail patient, où le patient peut s’inscrire de n’importe quelle localisation à l’aide d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un smartphone ayant accès à Internet. Sur le portail des patients, les utilisateurs créent un compte auquel sont envoyés les résultats des différents tests.
Le dépistage du goût et de l’odorat, qui pouvait être réalisé à l’aide de l’application intuitive Taste and Smell Test, a également connu un grand succès. Le kit de test olfactif se compose d’une enveloppe imprimée d’un seul côté contenant un test olfactif sous la forme d’un éventail composé de 6 bandes, sur lequel une zone désignée est peinte avec de la peinture olfactive. Le kit de test de goût est une enveloppe imprimée d’un seul côté contenant un test de goût composé de 5 bandes – une sans goût et 4 trempées dans des solutions aromatiques couramment utilisées en cuisine.
Le test du goût et de l’odorat est un test que chacun peut passer partout et à tout moment. Il ne prend que quelques minutes et l’utilisateur reçoit un résultat immédiat. Cet outil innovant est un complément important au diagnostic et permet la détection précoce de divers symptômes chez les patients à risque de développer un certain nombre d’affections : oto-rhino-laryngologiques, neurodégénératives, psychiatriques ou oncologiques.
Les patients ont également pu voir de nombreux articles publiés par l’Institut, qu’ils pouvaient également commander. Tout au long de l’événement, des projections de films des concerts finaux des éditions précédentes du festival « Rythmes d’escargot » ont été organisées, ainsi que la projection du documentaire « Ma Sonate de la lune », réalisé par Barbara Kaczyńska, directrice artistique du festival, qui raconte l’histoire de Grzegorz Płonka, l’un des patients les plus doués musicalement du Centre mondial de l’audition.
Pour conclure, le prof. Henryk Skarżyński a remercié tous ceux qui sont venus à Kajetany en ce jour important pour l’Institut afin de se réjouir ensemble de leur audition retrouvée. Les participants à cette réunion ont été capturés dans une photo commune, pour laquelle ils ont posé devant l’entrée principale du Centre mondial de l’audition. Cette fois-ci, comme il y a cinq et dix ans, aucun record du monde Guinness n’a été établi ensemble, mais presque tous les patients, utilisateurs d’implants auditifs, les ont établis à plusieurs reprises dans leur vie quotidienne.